Près du métro Malakoff, la place du 11 Novembre est le lieu d'une fiction urbaine plastique et sonore pour 14 performeurs . Danse, jeu, contorsion, slam, vidéo, lumière, feu, paysages sonores, sont les données hétérogènes qui s'enchâssent dans un parti-pris compositionnel cohérent et unique. Les visiteurs qui déambulent sur cette place sont les témoins et les acteurs (passifs et actifs) de couches superposées d'évènements qui nous parlent de notre Humanité. Tout commence par cette sorte de musée à ciel ouvert : une grande Installation polymorphe ou plutôt 10 installations prismatiques qui mettent en scène certains objets obsessionnels de notre "modernité" : téléviseurs, bagnole, armée de chemises rouge, semis de poupées démembrées, un champs de vêtements abandonnés qui rappelle les amoncellements de Boltanski. Evocation de massacres, de disparus, de la violence, de notre folie, de nos corps, de la mémoire, de l'Histoire. Petit à petit émergent des figures agissantes qui créent un cheminement en apparence non narratif dans ce colori contextuel. Plus loin, les frontières deviennent poreuses, et tous se rassemblent autour d'un feu. Un feu purificateur autour duquel se met en marche un choeur Dionysiaque, à la nudité primitive, nouvelle identité collective porteuse d'espoir. Un geste saisissant à la poésie fulgurante, questionnant, bouleversant, dont le plus important demeure souvent dans la latence, en marge de ce qui est exécuté. Comment oublier le rire jubilatoire de cet enfant devant le spectacle d'un drame ? De quoi se rappeler que le spectacle n'est pas qu'une simple catégorie de la culture ordinaire mais l’expérience temporelle d’un regard ouvert sur des signes.
Merci à ceux qui nous donnent encore Foi en l'Homme.
"Tragédie ! un poème…" par le deuxième groupe d'intervention