Quand vous allez au théâtre Nationnal de Chaillot, vous êtes-vous déjà demandé pourquoi l'entrée principale est divisée en deux ? Et surtout, vers où mène l'entrée de gauche ?
Il s'agit de l'entrée de la cité de l'architecture et du patrimoine. Un panorama du patrimoine architectural Français du moyen-âge à nos jours, de l'abbatiale sainte-Foy de Conques jusqu'au Viaduc de Millau. Architecture vernaculaire, architecture publique, architecture sociale, architecture coloniale, architecture religieuse, architecture théâtrale… Architecture et théâtre couchent donc sous un même toit. Mais pour quelles théâtralités architecturales ?
L'architecture nous regarde, ici c'est nous qui la regardons. A y regarder de plus près, il ne s'agit pas exactement d'architectures mais de représentations architecturales… "Représentation" : vous voyez ou je veux en venir ? Il s'agit de moulages qui reproduisent à l'identique des fragments d'architectures. Un espace fictif qui nous présente un reflet de la réalité : ces moulages qui se montrent dans toute leur singularité. Ces lignes, ces visages, ces structures, ces volumes, nous apparaissent alors dans une lumière nouvelle, revêtus d'une étrange solitude. Une grande intimité naît entre ces fragments qui se répondent et enlacent le visiteur.
Devant le rouge Pompéien du mur museal, gargouilles, coupoles, ogives… sont rapprochés du regard et nous apparaissent dans toute leur démesure. Décontextualisé, l'architecture révèle dans ce lieu toute sa théâtralité par un jeu de rapprochements qui met à distance la réalité. Dans cette même cohérence, la scénographie muséale semble tirer les enseignements du théâtre Brechtien en nous montrant le revers de l'architecture (envers des vitraux, charpentes des structures...) mais aussi en nous montrant l'envers museal de ces décors ultra réaliste : l'illusion est crée et brisé pour mieux permettre la distance réflexive.
photo : envers d'un moulage
Théâtralité posturale des gargouilles