Je voulais une tempête, il n'y a eu que du crachin. Oubliez les torrents d’obscénités, les attentats à la pudeur, diffamations à vous faire serrer les poings ! C'est de censure qu'il s'agit. Les grands crimes de guerre ont ceci de spectaculaire qu'il sont silencieux. Pas de complots ouverts, d'assassinats sordides, de marres de sang. Il y en a marre du sang ! "lettre d'amour à Staline", de Juan Mayorga, traduit par Jorge Lavelli et Dominique Poulange, montre l'intimité pas assez intime de Mikhaïl Boulgakov et de sa femme face à Staline qui s'incarne au sein du couple et, tel un démon, envahit la vie intellectuelle de Boulgakov qui n'aura de cesse de lui écrire des lettres pour lui demander sa libération.
95 mins austères dans un espace scénique planté de lourds meubles en noyer, éclairé avec froideur et cruauté. Des questions d'actualité, un travail sérieux et pourtant assez inconsistant. Ni plaisir ni stimulation sont au RDV. Simplement l'expérience d'un silence : celui qui en engendre un autre.
"lettres d'amour à Staline" de Juan Mayorga, mis en scène par Jorge Lavelli, jusqu'au 29 mai au Théâtre de la tempête.